Un voisin vient ouvrir la maison. Des messages de solidarité ont été écrits sur les murs, mais à l’intérieur, rien n’a bougé depuis trois mois. Rien n’a pas été rangé, ni nettoyé. Trop difficile, confie Nasser Dawabsheh, qui a perdu son frère, sa belle-soeur et son neveu dans l’incendie attribué à des colons.
Aujourd’hui, il est en colère. « Moi, je ne réclame qu’une chose : que justice soit faite. Depuis le premier jour, Netanyahu a dit qu’il punirait les responsables, qu’il les considérait comme des terroristes et qu’il empêcherait ça. Mais ce n’est que mensonges. Aujourd’hui, il y a encore plus de crimes contre le peuple palestinien », dénonce Nasser Dawabsheh.
Rihab Dawabsheh, sa mère, qui était aussi la grand-mère d’Ali, n’a que 67 ans. Mais son visage sombre lui donne facilement dix ans supplémentaires. Elle s’inquiète surtout pour son petit-fils Ahmad, seul survivant de l’attaque et toujours soigné en Israël. « J’ai vu Ahmad la semaine dernière à l’hôpital, raconte-t-elle. C’est vraiment très dur pour nous, je n’arrive toujours pas à sécher mes larmes. Ahmad, nous l’avons élevé avec mon mari comme notre fils. Je n’ai pas d’explication sur cet acte. Je m’en remets à Dieu. Seul lui a la réponse. »
Pour les Palestiniens, l’attaque de Douma est le résultat de l’impunité offerte aux colons israéliens. Dans moins de 10 % des cas, les attaques des colons se soldent par une condamnation.
Décès d’un autre bébé, tensions extrêmes
Vendredi 30 octobre, un autre bébé palestinien est mort, asphyxié par des gaz lacrymogènes tirés par l’armée israélienne contre des jeunes lanceurs de pierre. C’est ce qu’affirme le ministère palestinien de la Santé, qui a annoncé sa mort. L’armée israélienne a confirmé que ses hommes été déployés sur place, non loin de Bethléem afin de repousser des manifestants. Une enquête a été ouverte.
Depuis un mois maintenant les affrontements entre jeunes palestiniens et forces israéliennes se poursuivent quotidiennement. Les attaques au couteau, elles, continuent sur le même rythme. De Jérusalem, les violences se sont déplacées en Cisjordanie notamment à Hébron.
La plus grande ville de Cisjordanie est le théâtre d’attaques parfois plusieurs fois par jours. Le gouvernement israélien a donné carte blanche aux forces israéliennes qui n’hésitent pas à tuer les assaillants. « Des exécutions extrajudiciaires », accusent les autorités palestiniennes et plusieurs associations de droits de l’homme.
Le gouvernement de Benyamin Netanyahu, lui, semble dépassé par la vague de violence. Sa réponse sécuritaire semble au contraire radicaliser encore un peu plus les Palestiniens, qui demandent à la Cour pénale internationale d’accélérer leur plainte contre des crimes de guerre israéliens.